Réussir son entretien sans le rater
- 6 minsRecruteur: Comment vous décririez-vous ?
Candidat: Oralement, mais j’ai préparé une danse aussi.
Au cours de ces dernières années, j’ai passé des entretiens, et fait passer des entretiens… beaucoup d’entretiens. Pour des postes de développeurs, principalement, mais aussi de chef de projet, Product Owner®, testeur et autres formidables métiers liés aux Technologies de l’Information. Voici mon histoire… enfin 2 erreurs que je vois bien trop souvent ainsi qu’une petite sélection de comportements à privilégier et d’autres à éviter.
Transformer l’entretien en une discussion à sens unique.
Recruteur: Concrètement, quel est votre plus gros défaut ?
Candidat: L’honnêteté.
Recruteur: Mmmmh, je ne pense pas que ça soit vraiment un défaut.
Candidat: Mmmmh, je m’en fous de ce que vous pensez.
Un entretien est une rencontre entre deux parties qui ont besoin l’une de l’autre. L’employeur recherche des compétences. Le candidat recherche un cadre de travail motivant où il pourra s’épanouir tout en mettant en oeuvre ses acquis dans le but d’atteindre des objectifs personnels… et de l’argent.
Il faut donc instaurer une relation win-win. Au-delà de la simple présentation de votre parcours (qui dans 77,2% des entretiens que j’ai fait passer consiste à regarder le candidat lire son CV du coin de l’œil), il faut faire le lien entre l’offre à laquelle vous postulez et votre CV.
Ne vous contentez pas de répondre aux questions par oui ou par non, même si votre interlocuteur est avare en questions ouvertes.
Posez des questions : à quoi ressemble la journée typique d’un <insérer l’intitulé du poste> ? Quelle est la stratégie de l’entreprise ? On a bientôt fini ? Quelle est la stack technique ?
Vous remarquerez que ce sont des questions ouvertes qui ont un effet multiple :
- Vous obtiendrez plus détails sur le poste
- Vous aurez plus d’informations à exploiter pour faire le lien avec votre propre expérience ou vision du poste
- Vous connaîtrez mieux vos interlocuteur et potentiellement futur collègues
- La majorité des gens aiment discuter de ce qu’ils font, aiment qu’on les écoute. Faîtes leur plaisir, laissez-les parler.
Pour mettre en place une conversation (qui plus est avec des inconnus), il faut être à l’aise, et pour être à l’aise, il faut avant tout avoir confiance en ce que l’on dit. Et pour être sûr de ce que l’on raconte, pas de secret, faut préparer l’entretien. A chaque fois que j’ai assisté à un entretien à sens unique, c’est que la personne en face n’avait pas fait l’effort de se renseigner sur le poste ou sur l’entreprise. Tout est là, ou là, il suffit de chercher.
Essayer de bullshiter
Recruteur : Lors de votre dernière expérience, vous supervisiez les microtransactions financières d’une multinationale américaine, pouvez-vous détailler ?
Candidat : J’étais caissier au McDo.
Un « je ne sais pas » sera toujours mieux qu’une réponse erronée donnée de manière consciente. Toujours.
Le recruteur aura souvent plus d’expérience et de connaissances que vous. N’essayez donc pas de le bullshiter, surtout dans des domaines techniques comme l’informatique où il n’y a pas beaucoup de place pour la subjectivité. Si vous ne savez pas, dites-le. Positionnez vous en élève, les gens adorent enseigner des choses nouvelles aux autres (« mmmh intéressant ce concept d’«ordinateur», dites m’en plus » : bon, ça, c’est de l’abus.).
J’ai déjà eu l’expérience d’un candidat qui, tout en me regardant droit dans les yeux, m’a sorti une contrevérité tellement grosse que lui-même n’y croyait pas. Je le sais car j’ai vu une goutte de sueur couler sur sa tempe au moment où il a terminé sa phrase. Je crois qu’il n’en revenait pas. Quand je l’ai corrigé (après tout ça arrive), il n’a pas accepté et a persisté dans son mensonge. Dans son esprit, je pense que c’était une question de vie ou de mort. Admettre qu’il avait tort, c’était mourir.
J’ai fini par dire ok, et pour lui, c’était comme une victoire, sourire en coin, j’ai vraiment cru qu’il allait allumer une cigarette.
Autant vous dire qu’à la fin de l’entretien, je lui ai serré la main, dit à bientôt…et envoyé une réponse négative avant même qu’il n’ait eu le temps de rendre son badge visiteur à l’hôtesse d’accueil.
La confiance en soi et en ses connaissances est une excellente chose, encore faut-il être humble et accepter quand on ne sait pas, ou qu’on a tort (et encore plus quand on sait qu’on a tort !).
Trucs à faire
-
S’habiller pour l’entretien. Les chaussures de running blanc-sale taille 45 avec les lacets serrés aux max, on arrête, s’il vous plaît.
-
Se renseigner sur l’entreprise, sur le job. Avoir préparé des questions.
-
Avoir des CVs imprimés (les siens de préférence), un stylo et un cahier. Au moins pour la forme.
-
Éteindre son téléphone, le mettre en mode silencieux ou encore activer le mode avion.
-
Bien réfléchir avant de se donner une note supérieure à 4/5 dans un domaine donné.
-
Préparer une réponse à la fameuse question : « Quelles sont vos prétentions salariales ? » (et gardez à l’esprit que le SMIC, c’est juste l’employeur qui dit à son salarié que s’il pouvait le payer moins, il le ferait…mais c’est illégal.).
-
Respirer. Relativiser. Ce n’est qu’un entretien.
Trucs à ne pas faire
-
Se plaindre de son ancien job et de ses anciens collègues (même si Pascal t’a rendu dingue et qu’il pigeait rien à rien).
-
Couper la parole de l’employeur ou essayer de terminer ses phrases.
-
Ne pas répondre à la question posée. Cela parait tellement évident, et pourtant.
-
Supposer que l’interlocuteur ne connaît pas les termes techniques et se lancer dans des explications sans fin. J’observe souvent cela quand je fais passer des entretiens accompagné de collègues féminines…
-
Être trop honnête.
-
Être en retard, cela va de soit.
-
Mais il y a pire: venir trop tôt. Les candidats qui arrivent 30 minutes, voire 1 heure avant, c’est gênant pour toutes les personnes impliquées. Après c’est bien, ça rentabilise les abonnements à « Red Hat Enterprise Linux Hebdo » et autres « SAP/Cloud Magazine ».
-
Et pour finir, il ne faut pas le prendre mal… mais passé un certain nombre d’années d’expérience, il n’est plus nécessaire de préciser que « tu apprécies la musique » et que « tu joues en division d’honneur départementale de roller hockey ». Les activités extra-professionnelles mettant en avant votre profil et qui serviront pour la mission, sont bien évidemment les bienvenues (association, bénévolat…).
Bonus pour les consultants (à ne pas faire)
Regarder son commercial à chaque phrase comme un élève en difficulté lors d’une rencontre parents-profs.
頑張って